On en a peu ou pas parle' en Europe et pourtant l'evenement etait contemporain de la chute de Ben-ali et du de'but de la revolte Egyptienne :le 21 janvier 2011 lors d'une manifestation socialiste a Tirana, protestant contre les fraudes du scrutin precedent et la corruption et ayant viree a l'emeute aux portes de la residence du premierministre, la garde de ce dernier a tire dans la foule tuant 4 personnes et en blessant plusieurs autres. Depuis, les uns (le parti democratique du premier ministre Sali Berisha) et les autres ( le parti socialiste) s'accusent, qui d'avoir fomente un putsch, qui d'avoir donne l'ordre de faire feu, dans un enieme episode de la guerre seculaire entre les deux partis ( le PD avait lui meme tente de prendre le pouvoir par la force en septembre 98).

Au-dela des peripeties politiques et ploutocratiques, l'emeute s'inscrit dans le cadre d'un ralentissement effectif de la "balkanisation" ( au sens "croate" de modernisation-normalisation) du pays. La repercussion de la crise de l'U.E sur l'economie et les transferts de fonds des emigres ( ils sont 1 million en Grece-10% de la main d'oeuvre-et 500 000 en Italie), le maintien d'un chomage de masse des jeunes ( notamment de diplomes qui "surabondent" du fait de la privatisation des universites), l'inflation importee, etc. compliquent evidemment les reformes structurelles et celles-ci sont nombreuses.

Ainsi, entre autres, l'ouverture recente du premier hypermarche carrefour du pays pose en creux la question de la persistance du petit commerce ( il y a, pour ainsi dire, une epicerie par immeuble) et plus largement d'un secteur des services ( 36% de la population active) fonctionnant selon une logique d'opportunites ( Proliferation de cabinets dentaires, d'agences de voyage depuis l'assouplissement des politiques de visa europeennes).Pour s'implanter, les multinationales vont avoir besoin d'une "accumulation primitive" qui asseche serieusement cette gigantesque sphere d'intermediation proto-marchande (remarquons que le probleme se pose aussi actuellement en Inde).

Certaines multinationales ont en tout cas deja bien profite de la braderie continuelle des infrastructures ( notamment les groupes allemands qui controlent desormais le seul aeroport du pays, le plus grand port -Durres-, le secteur de l'eau et la plus grande partie de la production hydro-electrique), aidees en cela par un secteur bancaire que se partagent Autrichiens (Raifesenbank) et francais. La vente prochaine de la societe Albpetrol (jusqu'ici detenue a 100% par l'Etat) alors meme que de nombreuses prospections sont en cours, devrait dans ce domaine boucler la boucle.

Bien sur, si on ajoute a cela l'essor du tourisme, la perspective de jouer son petit jeu dans le grand (entre adriatique et mediterannee, U.E et U.S.A) et surtout bien sur une main d'oeuvre "tres bon marche" (le salaire minimum se situe aux alentours de 150 euros), l'avenir du pays semble aussi paradisiaque qu'un rapport optimiste de la BERD ou du FMI. Mais comme le rappellent les evements du 21 janvier et ,  meme si le sujet est tabou dans la societe, ceux de 97, encore faudrait-il que les albanais cessent d'etre les "mauvais pauvres" de l'Europe. Le redeveloppement du nationalisme, entretenu par le micro-Etat Kosovar et en Albanie meme par l'Alliance Rouge et noir ( rien a voir avec l'anarcho-syndicalisme) semble pour l'instant un exutoire efficace a la conscience diffuse de tous les mauvais coups qui pavent la voie vers l'integration europeenne.

Depuis Tirana, des en-dehors de toute latitude